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la jeune fille.

excès contraire, en dépassant la mesure du travail, comme d’autres outrent la part du plaisir.

Je connais une ravissante écolière de dix-huit ans, dont l’aspect, cependant, est triste et fiévreux — chose invraisemblable à un âge où la grâce rend belles toutes les créatures. Cette jeune personne prépare des examens, et est proprement insupportable. Elle pleure lorsqu’il s’agit de passer un moment chez ses amies, refuse de parti pris toutes les distractions qui épanouissent une âme d’adolescente ; on croirait que les destinées futures de la France sont au fond de ses bouquins, et c’est d’un air tragique qu’elle s’écrie :

— Je n’ai pas le temps.

Elle n’a, d’ailleurs, le temps de rien : ni d’écrire à ses meilleures amies, ni d’aider sa mère dans ces petits soins délicats du ménage qui semblent l’apanage des jeunes filles, ni de détendre ses nerfs par la lecture d’un livre agréable, ou de les apaiser par une heure de musique, ni de rire, ni de danser, ni d’aimer !… Hors de son programme du B. A. P., il n’est point de salut. Et la conclusion de tant d’efforts fut qu’elle échoua à ses examens. Elle y arriva la mine sombre, la tête meurtrie, l’humeur endolorie, souffrant déjà mille maux, qui se