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je n’ai pas le temps.

qui les accompagnent, sont pour nous un avertissement précieux ; chaque chose a son temps et son heure, chaque vie doit semer le grain et récolter la moisson, ou, alors, la machine se détraque, et c’est pourquoi tant de femmes nerveuses souffrent et font souffrir les autres.

Observez les neurasthéniques qui vous entourent, cousine, et vous constaterez que, toujours, par quelque endroit, l’équilibre se trouve rompu.

Cette jeune femme, qui fait cinq cent vingt-cinq visites dans son hiver, et ne peut rester chez elle un soir, — dont les enfants sont tarabustés par les domestiques, tandis que la cuisinière fait danser l’anse du panier, — peut-elle, au bout de quelques années de ce régime, n’avoir point ses nerfs à vif et la conscience en déroute ?…

Et cette autre qui, le matin, lit des romans au lit, se lève quand elle y pense, flânoche le temps de sa toilette, donne ses ordres — et quels ordres ! — cinq minutes avant les repas (lorsque, d’aventure, elle se décide à ne pas les oublier) et laisse aller sa maison à vau-l’eau, n’est-elle point, forcément, d’humeur détestable et prête à toutes les nervosités d’un cœur malcontent de soi ?…

Et combien de jeunes filles ressemblent à ces femmes ! — à moins qu’elles ne pèchent par