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la règle.

trémoussaient, voyaient des vieilles dames au chignon serré, aux lunettes d’or menaçantes, et des vieux messieurs au crâne chauve s’approcher traîtreusement et écraser, sans pudeur, les éventails laissés sur Les sièges ; et, devant les regards convulsés des mères, répondre ce seul mot, en levant l’index :

Verboten ! (Défendu !)

Si bien que les enfants se trouvaient dans la cruelle alternative de ne pas danser, pour se conserver un siège, ou de rester debout toute la soirée.

Ah ! ce Verboten ! il vous harcèle et vous poursuit partout, dans les villes, dans les villages, au sommet des montagnes, dans le voisinage des burgs, et même dans les coins les plus pittoresques et solitaires de cette séduisante Allemagne ; et vraiment, lorsque la Règle s’exerce sur de pareilles puérilités, elle choque et offense nos clairs esprits français.

Et cependant, ma cousine, en y regardant de près, il y a quelque chose d’admirable et de fort dans cette discipline sans merci qui courbe toutes les volontés sous la même Règle ; et peu à peu, sans qu’il y paraisse, on en subit l’empreinte.

Certes ! cette soumission passive et bornée est horripilante, quand elle s’égare sur des vétil-