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l’enfant.

pour ne point désoler les enfants dont les yeux, déjà, se remplissaient de larmes, nous entrâmes dans la Festsaal, et vîmes (spectacle inoubliable) le masseur du principal établissement en veston crasseux, et le marchand de cotonnade de la grand’rue en jaquette hideuse ! Mais, retenez bien ceci, ma cousine : ces vêtements, dans leur jeune temps, avaient été noirs. En sorte que les étrangers, qui contribuaient à l’élégance et à la richesse de la ville d’eaux, étaient, par amour de la Règle, mis à la porte, tandis que les fournisseurs, qui vivaient d’eux, se prélassaient aux meilleures places.

Il y a là, vous comprenez, toutes les délicatesses d’une nuance ! Seulement, la vertu dominante des Françaises n’étant point la patience, j’ai failli, parfois, étouffer de colère, je le confesse, ma cousine, en toute humilité.

Écoutez plutôt encore cette petite histoire qui vous édifiera :

Il était dit qu’on n’avait pas le droit, à ces mêmes sauteries d’enfants, de retenir des places, — ce qui, pour vous, pour moi et pour tout Français doué de compréhension, signifiait, apparemment, que chaque danseuse ne pouvait réserver qu’une chaise : celle occupée au cours du bal. Erreur, ma cousine, grave erreur ! Les pauvres innocents, dans le moment qu’ils se