Page:Sarcey - La route du bonheur, 1909.djvu/398

Cette page a été validée par deux contributeurs.
382
l’enfant.

curieux : c’est que ce ne sont pas seulement des sites nouveaux et des villes pittoresques qu’on découvre, mais des êtres qu’on ne soupçonnait pas.

Or, ce qui frappe le plus l’esprit en cette verdoyante Allemagne, dans laquelle je viens de passer un grand mois et que chacun se plaît à proclamer gemutlich, c’est un amour désordonné pour la Règle, qu’ils écrivent avec un grand R !

Les promenades, les plaisirs, les jeux, le travail, les édifices, les bains, les statues, les ponts, les voitures, les boutiques, les choses les plus naturelles et les plus invraisemblables, et bien d’autres encore, sont soumis d’avance à une discipline que rien ne fait fléchir, pas même le sourire un peu narquois des étrangers. Pour les Allemands, la Règle est quelque chose de sacré et de magnifique qui les hypnotise et les dispense de toute initiative, — voire, parfois, de réflexion. Ils vous répondent : C’est la règle ! comme les croisés de Saint Louis s’écriaient : Dieu le veut !

Dès leur plus tendre enfance, d’ailleurs, on leur inculque ce précieux entendement de la Règle à grand renfort de coups de trique. Les maîtres ont la permission de corriger leurs