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la règle.

les radieux paysages que peut rêver une fillette, à moins que vous-même ayez forgé, dans votre jeune cervelle, quelque voyage fantastique dans le royaume des merveilles.

Depuis cette époque, j’ai souvent réalisé les espoirs de mes six ans, ayant pris pas mal de mauvais fiacres, chargés de grosses ou petites malles ; et quoique j’aie éprouvé, maintes fois, que les hôtels ne sont point tous des palais, et que les voyageurs ont rarement le physique et l’enjouement des princes Charmants, je me sens toujours frémir d’aise quand une locomotive rapide m’entraîne vers quelque destination étrangère.

Ici comme là, pourtant, les arbres sont uniformément verts, les chemins poudreux et les clochers pointus ; et chaque soir, quelle que soit la terre qu’elle éclaire, l’étoile du Berger se lève, solitaire et tremblante, dans le crépuscule mystérieux du jour qui tombe. Mais il en est des pays comme des visages : ils sont divers miraculeusement, et cela non pas seulement parce que la nature capricieuse varie ses aspects à l’infini, mais parce qu’il n’est pas un monument, ni une pierre du chemin, ni une montagne, ni un vallon, qui ne revête, par quelque détail imperceptible, le génie de ses habitants. Et c’est peut-être ce qui rend les voyages à l’étranger si