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l’enfant.

Le tableau était rustique et charmant. Organisateurs et auteurs, avec une extrême politesse, expliquaient aux interprètes les mouvements et les gestes qu’ils devaient esquisser, les accents qu’il convenait de donner, ainsi que les nuances réclamées par la mélodie.

Respectueux, les vendangeurs, les vendangeuses, entamaient la chanson suivie d’une scène mimée, la recommençaient autant de fois que cela était nécessaire. Aussi bien, les observations étaient faites et reçues dans le plus grand calme, sans cette nervosité cabotine qui caractérise la moindre répétition d’amateurs.

Je ne vous dirai point, cousine, que ces artistes champêtres possédassent la diction de M. Mounet-Sully. Il y eut certain refrain dont je ne perçus le sens qu’au quatrième couplet :

Cette vigne que voilà !
Vendange ! Vendange !
Cette vigne que voilà !
Vendangeons-la
Du haut en bas !

J’entendais bien : « Vendange ! Vendange ! » ; mais la diablesse de « Vigne que voilà », qui courait sur des doubles croches, devenait une bouillie dans la bouche de ces jeunes gens ; et cependant, cousine, vous ne pouvez vous figurer combien leur chant était harmonieux, émou-