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la vertu d’un peuple.

les coryphées les contemplent avec respect.

— Est-ce que je ne pourrais pas assister à une répétition ? glissai-je furtivement à Mlle Palès.

— Vous n’y songez point ! me répondit cette jeune déesse d’un air scandalisé ; nous avons juré de garder le secret de nos rôles, jusqu’au grand jour !

Il faut vous dire, cousine, que la Fête des Vignerons est une réjouissance nationale qui n’a lieu que tous les vingt ans et a le don de mettre le pays entier en rumeur.

On y pense dix ans à l’avance, on en reparle dix ans encore après ; et tous les organisateurs, aussi bien que les acteurs, donnent leur temps, leur peine, par pur plaisir, pour obéir à une tradition sacrée, et surtout pour avoir l’occasion de se réunir honnêtement en chantant et, parfois aussi, en dansant.

La Fête des Vignerons marque, pour chaque génération, l’apothéose du chant.

Les Bûcherons descendent de leurs forêts et lancent, à pleine voix, leur

Et han,
Frappe bien, ma hache,
Frappe bien profond.

Les Laboureurs glorifient la beauté de la moisson ; les petits Bergers célèbrent leurs musettes et leurs chalumeaux ; les Jardiniers vantent « le