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la tenue des jeunes filles.

ils, quelles douceurs pourront-ils répandre ? Ils se démènent comme des petits démons turbulents et vains, et, pour conclure, sont des doigts égoïstes, qui trouvent dans les nerfs et jamais dans le cœur le secret de leur mouvement perpétuel.

Cette frêle et chaste main
Qui se pose comme un rêve
Sur le front du genre humain,

dont parle le poète, n’est certes point bâtie sur ce modèle.

Elle sait bercer, elle sait caresser, elle sait surtout se recueillir. Ses mouvements sont tendres et bons, utiles et joyeux. Cette main-là fait le bien, agit et ne s’use pas stérilement. Si j’étais homme, et que j’eusse à demander une main, je la voudrais aux gestes discrets, aux abandons charmants, aux frémissements spirituels ; je me garderais, comme du feu, de la main oiseuse et électrique de ma voisine. Est-ce que des doigts frappés d’épilepsie peuvent saisir le bonheur et le garder comme un trésor mystérieux ?

Un arrêt du train ayant rompu le rythme de la chanson, ma voisine laissa enfin tomber sa main : elle se retire-bouchonna dans un autre sens, décroisa et recroisa ses jambes, balança son pied, et se mit, de la langue, à taquiner une