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l’enfant.

La bergère, du haut de ses pâturages, gras et verdoyants, mêle sa voix claire à la sonnaille des troupeaux, et l’on aperçoit, très étonnée, cette petite fleur vivante qui épanche son âme tout imprégnée d’harmonie et chante la beauté des montagnes.

Liauba ! Liauba ! dit-elle au ciel, ainsi qu’aux clochers, toits et jardinets, joujoux perdus dans les ravins !

Et, tandis que les vaches, lourdes et dodues, paissent béatement au bord des précipices, l’écho répète mille fois son cri d’allégresse :

Liauba ! Liauba !

Et les oiseaux, l’air léger, les herbes odorantes, toute la nature frémit, palpite et chante avec elle.

Si vous côtoyez le lac profond où les montagnes profilent leur ombre, et qui réfléchit, dans ses eaux limpides, l’azur d’un ciel presque toujours clément, vous entendez bientôt s’élever un chœur invisible… Ce ne sont pas des sirènes, cousine, mais des jeunes filles, des enfants, des garçons, des montagnards ou des paysannes qui, serrés à l’avant d’un bateau, agitent frénétiquement leurs mouchoirs pour saluer l’inconnu qui passe, et laissent exhaler en mélodies le plaisir d’un beau jour et l’agrément d’être réunis :