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l’enfant.

Anglais ignorent le préjugé de castes ; ils estiment, d’abord, ceux qui gagnent leur vie, et ne connaissent, ensuite, que la différence des éducations. Le sentiment de la fausse honte, cette plaie française, n’existe pas, ici. Et cela est si vrai qu’il n’est pas rare qu’une femme de la meilleure éducation, ayant subi des revers de fortune, s’installe couturière ou modiste, et devienne l’amie intime de ses clientes. Une lady, après avoir commandé son chapeau et discuté le prix qu’il coûte, ne croit pas déroger en acceptant à déjeuner chez un fournisseur, né dans le même monde qu’elle.

Il me cita, comme preuve, l’exemple d’une modiste, installée à Piccadilly, et chez laquelle la haute société de Londres ne craignait pas de fréquenter.

— C’est dans la salle à manger de cette commerçante charmante, dit-il, que j’ai eu l’honneur d’être présenté à une ou deux femmes d’ambassadeur et de ministre, et de partager avec elles et leurs maris des luncheons tout à fait selected. D’ailleurs, ses illustres amies ne sont point en reste d’hospitalité avec elle, et l’accueillent, l’été, avec d’infinis égards, dans les châteaux et cottages qu’elles possèdent aux environs de Londres. De part et d’autre, cette courtoisie est jugée naturelle. L’Anglais, affirma-t-il en guise de