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leur éducation et la nôtre.

pudeur orgueilleuse, les Anglais ne tiennent à la Beauté qu’en champ clos, loin de tout regard indiscret. Eux-mêmes, aperçus dans la rue, ressemblent assez à ces Inglishs que l’on rencontre en voyage, un peu partout, et qui bousculent, sur leur chemin, les gêneurs, afin de s’adjuger la meilleure place !… Chez eux, à l’abri de leur foyer, sous la clarté étincelante des lampes, dans la dignité de leur frac et la bonne grâce hautaine de leurs propos, ils sont, avant tout, de parfaits gentlemen, soucieux de courtoisie et de bonne éducation.

— Nous prisons tellement les hommes bien élevés, me disait un personnage d’ici, que nous les admettons dans notre intimité, même pauvres, même déchus, même occupant une de ces situations humbles qu’en France vous jugez dégradantes…, tandis que nous rejetons impitoyablement de notre société les gens riches ou de bonne naissance qui ne sont pas ce que nous appelons des « gentlemen ».

Et, comme le souvenir de certains fils d’Albion, installés cyniquement à l’Opéra, en culotte courte et casquette de voyage, mettait sans doute, dans mes yeux, une lueur d’incrédulité :

— Cela vous étonne ? me demanda mon interlocuteur ; cependant, rien n’est plus exact. Les