des plats bien mijotés, la suavité des coulis. Ils ne soupçonnent pas davantage les gratins onctueux, ni les béchamels savoureuses, et leurs légumes sont platement accommodés à l’eau.
Mon compagnon de voyage, que Dieu fit gourmand, peste, tout le long des repas, contre M. Demolins, qui osa vanter, quelque part, la supériorité des Anglo-Saxons, et s’entête à vouloir dénicher un restaurant où l’on « sache » manger. C’est peine perdue, cousine : les Anglais ingurgitent viandes et « végétables » en conscience, sans être gourmets pour deux sous. Ils contentent la matière et n’amusent point l’esprit. Ce n’est, en aucune façon, un peuple artiste, prime-sautier ou fantaisiste…
Cependant, cousine, arrangez la chose comme vous l’entendrez, — car je la ressens mieux que je ne saurais l’expliquer — on éprouve, ici, une douceur singulière à vivre…, peut-être parce que la mer y est admirablement belle et mouvante, et que la plage s’étend à l’infini, rappelant une Nice plus sombre, mais plus grandiose ; peut-être aussi parce qu’on y respire une atmosphère saine, au moral comme au physique, et que les enfants y sont jolis, vigoureux, énergiques, avec un je ne sais quoi de viril, qui évoque l’idée d’une race forte ; peut-être seulement par la surprise charmée qui