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le « all right ! ».

fixer un choix et d’acheter, ne fût-ce qu’en pensée, quelque colifichet, ne pourrait venir. Les Anglais, apparemment, sont des gens pratiques, qui méprisent ces séductions futiles dont notre esprit demeure friand. Ils vont droit au but, entrent dans leur maison sans s’inquiéter de son aspect extérieur, pénètrent chez leurs fournisseurs par nécessité, sans s’émouvoir de la laideur de l’étalage. Ils ignorent les chatteries, la coquetterie, les grâces ; le solide, l’utile, font mieux leur affaire… Ils sont habillés comme nous, semblables à nous, et, cependant, notre sensibilité souffre à chaque pas ; ils sont Anglais et non français : voilà toute la différence.

Je voudrais, ma cousine, que vous puissiez considérer, une seconde, l’étalage d’un pâtissier de Brighton. C’est à dégoûter à jamais de la gourmandise : les gâteaux, gros, lourds, indigestes à l’œil, mal présentés, rappellent ces boutiques foraines, où les fritures, les berlingots, les pâtisseries, les chocolats et les pains d’épices, voisinent de la plus intempestive manière. Il faut toute la robustesse des estomacs britanniques pour n’être pas découragé devant des appâts si grossiers : et la cuisine est à l’avenant. Ces grands mangeurs devant l’Éternel ignorent le velouté des sauces, le fondant et le fondu