Page:Sarcey - La route du bonheur, 1909.djvu/374

Cette page a été validée par deux contributeurs.
358
l’enfant.

— sauf pour les bâtisses importantes — semble ici être absolument tenu en mépris : les maisons se plantent tout le long d’une voie, comme un carré de choux, et, n’étaient les numéros qui les spécifient, il serait impossible de les distinguer les unes des autres.

Nos yeux, habitués à regarder, à comparer, épris de forme, amoureux de l’originalité, amateurs de pittoresque et de vie, — nos yeux latins, enfin, s’offusquent d’une telle monotonie. Si, d’aventure, ils s’égarent à l’étalage des magasins, ils ont de nouvelles raisons de s’attrister. Tout le monde sait que la devanture des boutiques reflète, en quelque sorte, le goût d’une ville. C’est presque un plaisir esthétique de longer, à Paris, certaines rues pimpantes, spirituelles, élégantes, où le génie du marchand, le caprice léger de la mode, l’harmonie des couleurs, la sobriété des lignes, l’éclat des lumières, se confondent en un spectacle délicat et tentateur.

Ici, on ne sollicite pas le client : on lui présente la marchandise, sans autre souci. Les hautes glaces laissent apercevoir tous les objets usuels, rapprochés au petit bonheur, pressés, tassés, avec des airs tout à fait fâcheux de « bazar-magasin de soldes ». À moins d’être obligé à faire quelque emplette, l’envie de s’arrêter, de