Page:Sarcey - La route du bonheur, 1909.djvu/372

Cette page a été validée par deux contributeurs.
356
l’enfant.

gorgeait en lançant la nouvelle à ses amis, exactement comme s’il se fût agi de la conquête de la Toison d’Or ou de la découverte de l’Amérique.

— Je pars pour l’Angleterre, ! annonçait-il, bouffi d’enthousiasme.

Et il emplissait son sac des choses les plus invraisemblables, croyant, sans doute, aborder dans quelque île sauvage, où, nouveau Robinson, il lui faudrait pourvoir à sa subsistance.

Il s’était forgé, sur l’Angleterre, un certain nombre d’idées humées on ne sait où, et qu’il tenait pour indiscutables. On eût défrisé toutes ses illusions patriotiques, par exemple en lui certifiant qu’au delà des mers il existait des ladies aussi jolies, aussi gracieuses que les amies de sa maman et ne ressemblant pas du tout à Footit costumé en vieille Anglaise. Nous sommes, sous ce rapport, un peu enfants nous-mêmes ; les pays avec lesquels nous ne sommes pas familiarisés nous apparaissent à travers un tas de légendes qui s’écroulent comme des châteaux de cartes devant la réalité. Peut-être, autrefois, au temps des diligences et des bateaux à voiles, existait-il, d’une frontière à une autre, ces démarcations de mœurs, d’attitudes, de costumes, qui contentaient notre orgueil national. Aujourd’hui, à première vue, rien ne ressemble