pilante, à rendre fou un saint… Je jetai des regards de détresse du côté de la mère, espérant un mot de délivrance.
Elle dormait ; son réticule, glissé de ses genoux, gisait à terre ; la jeune personne se garda de le ramasser ; mais un instinct l’avertit sans doute des sentiments hostiles qui bouillaient en moi : elle fit trêve.
Je commençais à reprendre haleine, quand, pour la punition de mes péchés, ses doigts oisifs se mirent à arpenter fiévreusement la longue chaîne d’or qui traînait jusqu’à ses genoux. Ils s’activèrent à des arpèges diaboliques ; on eût dit une nuée d’insectes montant et descendant une gamme éperdue. Ils allaient, venaient, par saccades brèves, et subitement se crispaient tous à la fois sur la corde d’or et la faisaient tourner, virevolter en une ronde frénétique.
Dans l’espoir d’abréger ce nouveau supplice, je dis à mon insupportable voisine :
— Je crois, mademoiselle, que Madame votre mère a perdu son réticule.
— Non, madame, répondit-elle de sa voix pointue, il est tombé par terre…
Et elle ne broncha pas.
Toutefois, le charme était rompu, les doigts — ô bonheur ! — lâchèrent leur proie. Mon répit n’en fut pas moins court ; la main droite,