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une promenade à fontainebleau.

qu’il avait touchés, la pendule qui avait marqué ses heures troubles et heureuses, le bureau sur lequel il pencha son front pensif, l’escabeau qu’il gravit pour atteindre les gros bouquins de voyage meublant les murs et que tant de fois, fiévreusement, il consulta ; les cartes auxquelles il travailla, écartant à les faire éclater les frontières françaises ; et, comme nous restions un peu oppressés devant cette saisissante évocation :

— Quelquefois, dit à voix presque basse Georges d’Esparbès, nous venons ici, ma femme et moi, lorsque le crépuscule tombe, et, à certains jours, il nous semble entendre craquer l’escalier en colimaçon que, jadis, ses pas ont foulé, et, dans une brève hallucination, nous Le voyons. C’est de l’imagination, reprit-il bien vite en souriant ; mais, tout est si plein de son souvenir, dans cette pièce secrète, qu’il doit flotter un peu de son ombre…

Et, pensif, il ajouta :

— On ne connaît pas assez nos musées, poursuivit-il, mélancolique ; c’est une si belle leçon d’histoire !

Nous partîmes à la nuit tombante : la forêt était silencieuse, rougie des mille feux du soleil couchant ; la lune lentement se levait ; les étoiles, une à une, s’allumaient au ciel et