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une promenade à fontainebleau.

L’auteur de la Légende de l’Aigle, le fanatique poète du Petit Caporal devait, par la force mystérieuse de l’attraction, se retrouver dans ce palais, tout imprégné de Lui. Chaque marche, chaque mur évoque son ombre, l’ombre du grand Empereur !… Son souvenir flotte dans cette adorable cour ovale, plantée d’arcades délicates, où, solitaire peut-être. Il rêva…, et dans cette salle du Trône devant laquelle l’Europe, terrorisée, se courba…, et dans la chambre du rez-de-chaussée qu’occupait modestement Madame Mère où, chaque jour, il vint lui rendre ses devoirs…, et autour de cette chétive petite table sur laquelle se joua le drame déchirant de l’Abdication…, et tout du long de cette magnifique cour d’honneur, où les vieux grognards pleurèrent en écoutant les adieux de leur empereur.

Georges d’Esparbès, chantre de l’Épopée, ne pouvait être ailleurs qu’à cette place.

Et comme, en riant, nous le lui faisions remarquer, il nous répondit, très grave :

— Je vais vous montrer ce que le public ne voit pas encore, et vous me direz, ensuite, si le souvenir n’est pas une chose émouvante.

Il prit de grosses clés, et, après nous avoir conduits à la chambre de repos de Napoléon,