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une promenade à fontainebleau.

arbres qui couraient au-devant de nous, frémissant à notre passage, et dont les branches nues riaient, de leur impudeur, sous les rayons du soleil. De loin en loin, des sapins corrects, vêtus de vert, des marronniers précoces recouverts de fleurs blanches ou roses, semblaient leur faire la leçon, tandis que les chaînes séculaires, les dépassant de leur trône orgueilleux, tendaient vers le doux ciel d’avril des bras tordus et tragiques… Nous étions arrivés, en moins de deux heures, dans cette forêt admirable que les rois, depuis Saint Louis, ont aimée, que les peintres ont immortalisée par leurs chefs-d’œuvre, et qui dirait de belles histoires, si elle pouvait parler :

Elle raconterait toute la terre,
Elle raconterait tout le ciel.

Elle réciterait aussi notre histoire de France, car elle en vit passer, des rois et des empereurs et des reines, et des favorites !… Elle chuchoterait tout bas des idylles royales et des amourettes champêtres ; les jours d’orage, elle clamerait l’épopée gigantesque qui la fit tressaillir… Et, par un jour radieux de printemps, si la forêt pouvait parler, elle dirait, accompagnée par le murmure des bourgeons qui éclatent sous la sève, tandis que les feuilles desséchées