Page:Sarcey - La route du bonheur, 1909.djvu/364

Cette page a été validée par deux contributeurs.
348
l’enfant.

bas ? Cest notre grande Serpollet qui chauffe et s’impatiente. Dépêchez-vous. On vous emmène à Fontainebleau, et, si le cœur vous en dit, on passera dire bonjour à l’ami Georges d’Esparbès, dans son musée.

Ah ! ma cousine, quelle joie d’enfant, d’élève en vacances j’éprouvai… Il faut vivre très sédentaire pour comprendre le plaisir intense que l’on a à s’évader à travers champs, de parcourir du pays, de dilater ses poumons à l’air, au vent, au soleil. Toutes celles qui, dans la semaine, tirent l’aiguille ou alignent des chiffres derrière un guichet, ou se tiennent immobiles devant un pupitre avec les horizons bornés de quatre murs, connaissent cette sensation délicieuse de l’école buissonnière. Les travailleuses, surtout, la savourent profondément. C’est leur petite revanche.

Donc, nous partîmes, l’auto glissant comme une anguille le long des rues et des boulevards, dans un mouvement que les piétons devaient trouver vertigineux et qui me donnait un frisson de terreur.

Nous traversâmes en flèche le bois de Vincennes, paisiblement le pont de Joinville. Nous saluâmes au passage la bonne ville de Melun, archaïque et charmante ; puis, nous ne vîmes bientôt plus, sur la route argentée, que des