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la jeune fille.

panama planté sur un échafaudage d’un blond suspect et trop ondulé, et se mit aussitôt en devoir de réparer le désordre de sa coiffure. L’opération fut interrompue plusieurs fois par de sérieuses inspections dans une petite glace d’or suspendue à une longue chaîne. Après que le pli de ses cheveux fut définitivement retrouvé, elle les encapuchonna d’une gaze rose, poudra abondamment sa futile frimousse, examina l’effet dans son miroir et prit un temps de repos.

Hélas ! il ne fut pas long ! Au bout de cinq minutes, elle bâilla jusqu’à se décrocher la mâchoire, jusqu’à montrer le fond de sa gorge, jusqu’à faire périr d’ennui ses voisines…

Puis, ayant bâillé tout son soûl, elle s’avisa que la ligne droite était fatigante et s’abandonna dans une pose qu’elle jugea sans doute séduisante, car elle en vérifia le négligé dans son miroir d’or.

Un instant, elle considéra le bijou où tant de fois son visage s’était complu… Tout à coup, mue par une inspiration d’en haut, elle s’amusa à en taquiner le ressort. La glace s’ouvrait comme un porte-monnaie et se refermait dans un bruit sec et exaspérant de déclic… Cent fois, — que dis-je ! — deux cents fois, mille fois, elle s’entêta dans sa manœuvre inutile, insipide, horri-