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le travail et la gaieté.

Vous entendez bien, cousine, que je ne veux point, par là, glorifier cette gaieté bruyante, qui se complaît dans la sottise… Je donne à la gaieté une signification plus noble. Elle semble, — comment expliquerai-je cela ? — elle semble monter Les consciences heureuses et marquer leur détente. Elle exprime le devoir satisfait, les heures bien remplies, les plaisirs de l’amitié, la confiance en l’avenir, et les rêves charmants réalisés sur la terre. Elle dit, parfois, la tâche bravement acceptée. Elle cache aussi des larmes ; elle est une force et un repos ; elle illumine tout ce qui l’entoure.

Considérez, autour de vous, les intérieurs aimables, paisibles, où le bonheur s’étend du mari aux enfants et jusqu’aux amis, vous reconnaîtrez aisément que « la gaieté habite ces lieux », comme on disait jadis.

Une égoïste, une enfant dépourvue de cœur, une créature méchante ou coquette, ou frivole, peut-elle être gaie, dans le sens vivifiant que nous prêtons au mot ?

Je suis persuadée du contraire. Et, si j’étais homme, je ne voudrais choisir, pour compagne de mon existence, qu’une jeune fille tendre et gaie. Pour tout dire, cousine, la gaieté me paraît le meilleur et le plus profond des devoirs.

On ne l’enseigne pas assez aux jeunes filles,