Page:Sarcey - La route du bonheur, 1909.djvu/358

Cette page a été validée par deux contributeurs.
342
l’enfant.

des enfants, il connaîtra le bonheur et vous rendra grâce.

Mais étant, vous et moi, de bonnes chrétiennes, il nous faut, cousine, songer avec gravité à perfectionner ce qui, naturellement, est déjà charmant ; il nous faut redresser les petites cervelles qui folâtrent sens dessus dessous, et remettre dans le chemin de la raison les têtes qui s’égarent. En un mot, il faut, au nom de la sagesse et de l’expérience, tourmenter un peu nos filles, étouffer souvent leur joie, en leur montrant le Devoir avec un grand D, et même le Travail comme une pénitence.

Or, cela est-il possible, cousine, quand on croit à la jeunesse, quand on éprouve pour elle le plus délicat des cultes et qu’on la veut épanouie, heureuse, puisant dans son bonheur même la force de conduire vaillamment sa destinée ?

Le nombre est bien petit de ceux pour qui la vie semble bonne. C’est qu’ils n’en possèdent pas le secret, ils n’en découvrent pas le sens mystérieux ; on ne leur a pas appris que la gaieté est la poésie des âmes fortes, la vertu charmante qui dissipe le malheur. Les êtres sans rayonnement sont comme ces pays embrumés, dans lesquels rien ne pousse : la bonne semence n’y germe point, la plaine demeure aride et le sol stérile.