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le rire.

fiance, et l’on riait, ma cousine, l’on riait à en perdre haleine.

Rien ne me retirera de l’idée que cette gaieté-là était bonne, saine et ne relevait pas de la pathologie… N’en déplaise à MM. les savants, je voudrais, au contraire, qu’on élevât les enfants dans le culte de la gaieté, qu’on leur apprit à considérer le côté pittoresque et amusant des événements, et qu’on leur enseignât que le rire — lorsqu’il n’est pas ironique, ni malveillant ni moqueur — est une véritable vertu.

« La plus perdue de toutes les journées est celle où l’on n’a pas ri », affirmait un philosophe, dont les conclusions me plaisent mieux que celles de mon savant.

Il entendait, par là, que la bonne humeur est un des puissants leviers du monde, puisqu’elle dissipe, sans effort, les malentendus, rompt les maléfices, vainc la mélancolie, éclaircit les fronts, repousse le chagrin, ramène la joie et fait plus de besogne à elle toute seule, par la grâce de ses chansons, que deux ou trois vertus.

Autrefois, les anciens imaginaient l’Olympe — lieu de toutes les délices — comme un paradis, où les dieux s’assemblaient pour deviser joyeusement et rire comme les dieux seuls savent rire…, c’est-à-dire indéfiniment. Ils