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la tenue des jeunes filles.

profitable à tous, et relient les manifestations de celle qui peut incommoder les amis, ou même le passant.

L’autre jour, me trouvant dans l’express qui va de Mâcon à Grenoble, j’eus le spectacle d’une de ces jeunes snobinettes dont l’égoïsme inconscient, la vanité satisfaite, s’étalent avec un cynisme que chacun de leurs mouvements révèle.

Elle s’engouffra à Lyon, suivie de sa mère, et tout de suite j’eus la sensation que le compartiment était envahi. Les pieds ne frôlaient pas encore le tapis que déjà elle jordonnait d’une voix aiguë :

— Allons, voyons, dépêche-toi, maman ; passe-moi donc le sac vert…, et le jaune…, et les parapluies, et…

La dame, en même temps que les sacs, eût pu glisser le conseil de crier un peu moins fort, ne fût-ce que pour me soulager ; mais elle tendit docilement le sac vert, puis le jaune, puis les parapluies, puis le carton à chapeau, auxquels on appliquait quelques bourrades bruyantes.

— Vlan ! entreras-tu !

Ayant accompli à grand fracas cette action toute simple de ranger les bagages dans un filet, elle s’adjugea le meilleur coin, sans se soucier aucunement de sa mère ni s’inquiéter de la place qu’elle eût préférée… Elle enleva son