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l’enfant.

Eh quoi ! quand Durand Laxert, l’oncle de Jeanne, vint tout exprès trouver ce gros capitaine afin de lui apprendre que Jeanne, par grand’pitié du royaume de France, voulait guerroyer pour son gentil roi, stupidement il répondit :

— Renvoyez cette folle enfant à son père bien souffletée !

Et la pensée que Jeanne faillit ne pas partir à cause de ce vilain sire, et aussi à cause qu’il manquait quinze écus pour acheter un cheval, le bouleverse.

Ce sont ces détails infimes qui rapetissent l’histoire à sa taille et, cependant, la grandissent de tout son amour.

Il me harcèle de questions :

— Dis, comment était son armure ? Est-ce qu’on va voir le lit dans lequel elle couchait ?… C’est vrai que Jeanne d’Arc aussi pleurait quelquefois ?…

Et la route lui paraît pleine de spectacles merveilleux ; lui aussi, il éprouve que notre âme a un regard et distingue dans le passé ce que nos yeux ne savent plus trouver.

Tout près de lui, il sent l’ombre radieuse de Jeanne… Les cailloux du chemin, les ruisseaux qui courent, et les vieilles maisons lui chuchotent des secrets… Ils ont vu la pastoure, ils ont entendu ses prières ferventes, ils ont connu