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un pèlerinage à domrémy.

Son ardente imagination conçoit aisément le merveilleux.

— Dis, peut-être que nous allons entendre les voix de Jeanne d’Arc, hasarde-t-il timidement.

Et il ne se lasse point de me faire répéter l’incomparable histoire de la bonne Lorraine. Tout palpitant, il l’écoute comme jamais encore il ne l’avait ouïe. Car la légende prend corps sous ses yeux, dans un décor émouvant de vérité, et, pour la première fois, il éprouve de toute la force de sa petite âme française l’idée d’une patrie qu’il faut aimer jusqu’à la mort, et sauver au prix du miracle.

Là-bas, il considère avec admiration la forêt verdoyante d’où retentirent les prédictions de Merlin :

« Une vierge sortira du Bois-Chenu, qui chevauchera sur le dos des archers.

» Une femme vendit le beau pays de France. — Une pucelle le sauvera. »

Il aperçoit aussi la fontaine des groseilliers, auprès de laquelle Mme Sainte Catherine et Mme Sainte Marguerite soufflèrent à la candide bergère ses célestes inspirations :

— Va ! va ! bouter hors de France les méchants Anglais !

Et la bêtise du sire de Baudricourt le met hors de lui.