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un pèlerinage à domrémy.

et pleins d’émoi, les adorations et les rêves que certaine pierre usée, un lambeau de terre, un bout de reliques, peuvent évoquer… Ce sont les divines tendresses qui s’élèvent du passé et frémissent en nous, effaçant les siècles, et rapprochant notre piété d’un culte lointain et, cependant, merveilleusement proche.

Ce jour-là, nous allâmes visiter une humble maisonnette toute basse, perdue dans un village lorrain.

— Domrémy ! cria l’employé du chemin de fer.

Et nous descendîmes.

Le temps était gris et tiède, les dernières pentes des Vosges se confondaient avec les nuages, et, sur la vallée qui s’étend à l’infini, planait une ombre de tristesse.

Doucement, des peupliers bruissent et saluent notre passage : des roseaux, secoués par la brise, penchent très bas leurs longues tiges, et les cailloux du chemin, rudes et arides, font changer un ruisselet qui court rejoindre la Meuse et égaye, de son insouciance, toute cette mélancolie qui monte des champs pierreux et tombe du ciel sombre… Au loin, la verdeur d’un bois touffu et le profil aiguisé d’une cathédrale mettent en ce grave paysage une note de fraîcheur et de poésie, tandis qu’à droite un bouquet de toits, aux ardoises vieillies, et un modeste clo-