Page:Sarcey - La route du bonheur, 1909.djvu/341

Cette page a été validée par deux contributeurs.
325
la lecture des enfants.

moindres causes, on peut obtenir d’eux des tours de force, à condition, — écoutez bien ceci, — à condition de les amuser d’abord et de les intéresser ensuite.

Le goût des lectures fortes vient toujours à celui qui commence simplement par aimer la « lecture ». Il importe donc de donner l’amour des livres. Le reste vient tout seul… Un pauvre chérubin, qui ne trouve pas dans son histoire les mots auxquels il est accoutumé et font image dans sa cervelle ou son cœur, est malheureux. Il ne comprend pas, ne réfléchit pas davantage ; sa lecture demeure stérile.

Elle ne devient profitable qu’à partir du moment où elle éveille sans fatigue ses idées, échauffe sa pensée, inquiète son jugement et remue toutes les fibres de ce qui constitue « sa petite personne ». Il ne faut pas s’y tromper : les enfants ont une individualité admirable qu’on étouffe trop souvent en les coulant dans les moules uniformes de l’enseignement soi-disant intellectuel.

J’ai connu, il y a quelques années, une mère ambitieuse et sotte qui avait la turlutaine de faire un homme supérieur de son fils.

L’homme supérieur avait alors huit ans ; il était doux, un peu mou, délicat de santé, et de nature lente et rêveuse avec des tendances vaguement musicales. Il eût fallu, pour fortifier ce