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l’enfant.

bilité neuve et frémissante, et de ce don du surnaturel qu’ils possèdent à un degré rare, n’aiment, par instinct, que deux genres de lectures : celle qui les transporte dans le royaume des fées, des héros, des dieux et des monstres ; celle qui épanouit leur petit cœur par des récits touchants. Ce n’est qu’avec le temps qu’ils distinguent la littérature ; ce n’est qu’avec l’âge qu’ils prennent goût aux histoires véridiques écrites dans une langue littéraire ; il faut que leur raison, habilement disciplinée, ait mis alors en équilibre cette « folle du logis », qui est un des attraits irrésistibles du jeune âge.

Considérer le cerveau d’un enfant comme un désert ! Ah ! ma cousine, il faut, pour commettre une pareille hérésie, n’avoir jamais regardé de près un de ces petits chefs-d’œuvre de la nature : un enfant !… Une seule chose le heurte, l’ennuie à mourir et dessèche pour toujours son esprit ensoleillé : ce sont des sciences trop précises, sévèrement présentées, trop précocement servies. La première pédagogie de l’enfance devrait être jeux, rires, sentiments… Avec l’imagination, la sensibilité adorable que possèdent ces petits êtres, et leur instinct de justice, et leur merveilleuse faculté de donner une âme aux choses inertes, et leur facilité à se passionner sur les