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l’enfant.

quante ans, comme au jour où parut, pour la première fois, son premier livre.

Je sais une « petite Dédée », âgée de six ans, que sa maman trouva, un matin, effondrée dans les larmes ; et, comme elle lui demandait la raison de ce grand désespoir, la mioche, à travers ses pleurs, gémit :

— Z’ai…, z’ai…, j’ veux pas que Zules y soit méchant avec le pauvre Blaise ! là !…

Quel plus doux hommage peut monter là-haut vers cette bonne grand’mère qui prit la plume par amour pour ses petits-enfants et, par surcroît, amusa toute une descendance de juvéniles générations !

Depuis quelques années, de beaux esprits se sont avisés que la littérature de Mme de Ségur était de qualité inférieure et, par cela, nuisible au progrès esthétique de l’enfant. J’ai même entendu une pédagogue — réputée émérite — soutenir qu’il ne fallait pas fausser le jugement des élèves en nourrissant leur moelle de pareilles insanités. Et, pour affirmer cette vérité, notre institutrice offre aux pauvres petits de cinq à sept ans, confiés à sa garde, la récréation de lectures instructives : éléments d’histoire naturelle, leçons de choses, récits abrégés d’histoire de France, promenades zoo-