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deux gosses « bien élevés ».

paix ! Et puis, d’ailleurs, même s’il m’en empêchait, je trouverais bien le moyen de lui filouter son journal.

À cet instant, la maman de René quitta son fauteuil, fit signe, de loin, à son fils, de la rejoindre ; les deux gosses se serrèrent la main… Et je songeai qu’il serait piquant de suivre les progrès et les résultats de cette rencontre entre deux enfants « bien élevés », chacun à sa manière.

Le lendemain, le jeune homme chic et le bon gros se regardaient en chiens de faïence. Intriguée, je profitai d’une seconde où Guy se penchait dans mes parages pour ramasser une balle de tennis.

— Vous ne jouez donc pas, aujourd’hui, avec votre petit ami René ?

— Non, répondit sèchement le prématuré propriétaire des cinq autos ; maman le trouve mal élevé.

Et, avec un aplomb effarant, il ajouta :

— Maman est très difficile pour mes amis !

. . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . . .

Ah ! cousine, comme ils sont heureux, les enfants qui n’ont ni autos, ni Miss, ni Truc, ni Fraulein, mais seulement une maman pour les élever, et un petit cœur plein de foi pour l’admirer et l’aimer…