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deux gosses « bien élevés ».

lui, à la bonne heure ! c’est un homme sérieux, un chic type.

René, dont toutes les idées sont bousculées, tous les sentiments froissés, ne trouve rien à répondre.

Guy, impatienté. — Mais parle donc ! Ce que t’es gourde ! Ah ! ben vrai ! c’est pas amusant de causer avec toi ! Qui donc qui s’occupe de ton éducation ?

René, héroïquement raidi pour ne pas pleurer, et ne sachant plus ce qu’il dit. — J’ ne sais pas.

Guy, scandalisé. — Comment ! serin, tu ne sais pas ! Tu ne sais pas ? Tu sais bien si tu as, pour te raser, une miss, une fraulein ou un truc ?

René, prêt à prendre l’offensive et criant presque. — Qui ça, un truc ?

Guy. — Un précepteur, pardi ! faut bien être élevé par quelqu’un, je suppose !

René, apaisé par l’idée de cette supériorité. — Moi, c’est maman qui m’élève.

Guy, très naturel. — Ah !…Tes parents sont donc pauvres ?

René, blessé au vif et digne. — J’ sais pas, je ne leur ai jamais demandé.

Guy, les bras croisés. — Alors, tu ne sais donc jamais rien ?