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l’enfant.

Guy. — Ta mère, parbleu ! Est-ce qu’elle est jolie, blonde, brune, grande, petite ?

René, sentant confusément le sacrilège. — Regarde toi-même : elle est là-bas sur le fauteuil, près de la table.

Guy, la considérant comme il le ferait d’un auto, d’un cheval ou d’une maison. — C’est ça, ta mère ? Elle est pas bien habillée.


La petite voix de René frémit sous l’insulte ; il cherche une vengeance exemplaire et, tout bégayant, dit :

— Eh ben !… Eh ben !… la mienne, elle colle pas le matin, elle est toujours jolie.

Puis, soulagé par sa riposte, il attend les événements.

Nouveau grand silence.

Guy, reprenant la parole. — Qui c’est qui vaut le mieux, chez toi : ton père ou ta mère ?

René, peu habitué à juger ses parents, reste interdit une seconde, et, timidement. — Je les aime tous les deux pareil.

Guy, avec feu. — Oh ! à la maison, c’est papa qui vaut le mieux ; tout le monde le dit : le chauffeur, l’Anglaise, le maître d’hôtel, et le bataclan. Tu comprends, mon vieux, elle ne s’occupe que de sa figure et de ses tralalas. Papa,