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deux gosses « bien élevés ».

cadrer une beauté très apprêtée, mais éclatante.

Guy se précipite, baise distraitement le gant de sa mère et, très homme du monde, désigne son nouvel ami.

— Maman, j’ te présente René.

René, pétrifié, rouge comme un coq, oublie de se lever, tortille bêtement son chapeau, et attend les paroles qui sortiront de cette bouche de fée.

La dame pince les lèvres en toisant ce petit rustre et prononce d’un air de reine :

— Adieu, Guy. Je sors, sois sage.

Guy revient s’asseoir.

René, pour détourner le cours de la conversation, trop sportive à son gré, et rentrer en grâce par une pensée aimable. — Elle est jolie, ta maman !

Guy, éclatant d’un mauvais rire ironique. — Oh ! la la ! c’est que tu l’as pas vue le matin… Quand je l’embrasse, mon vieux, ça colle, et il lui en faut des pots de rouge, et de blanc, et de noir, pour avoir cette tête-là !

René, mal à l’aise et comme pour s’excuser. — Ah ! Je ne savais pas ; je la trouvais jolie !

Guy. — Et la tienne, est-ce qu’elle est bien ?

René, qui, dans son petit cœur candide, porte un culte à sa maman, et ne peut soupçonner que ce « tienne » puisse s’appliquer à l’être qu’il adore et vénère le plus au monde. — Ma quoi ?