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l’enfant.

l’empreinte qu’ils reçurent de leurs parents…, et marquent, en les caricaturant, les passions et aussi les faiblesses qui gouvernent leur foyer.

C’est l’été dans les jardins de certains grands hôtels, alors que les gouvernantes potinent et ne font aucunement attention aux enfants confiés à leurs soins, que ces bouts d’hommes et de femmes se révèlent dans toute la sincérité de leur nature, dans toute la beauté de leur éducation.

Voici le petit dialogue que j’ai ouï de mes deux oreilles, et auquel je n’aurais garde de changer un mot.

La scène se passe sur une pelouse ombragée ; deux petits garçons, accablés par la chaleur, sont affalés chacun sur une chaise, et se regardent à la dérobée. Évidemment, ils ne se connaissent pas, et songent que leur ennui mis en commun pourrait avoir des douceurs.

L’un représente assez bien l’enfant chic : boucles blondes, costume d’une blancheur éclatante, tout brodé d’ancres marines ; la culotte longue, aux formes impeccables ; béret blanc dernier cri ; souliers de peau de daim. L’aspect général du bambin est maigrelet, nerveux, dégénéré ; l’œil ne manque ni d’intelligence ni d’effronterie. L’autre est simplement le petit garçon soigné et bien portant ; ses bons mollets apparaissent