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l’éducation des enfants.

on t’assujettit bassement à des pratiques stupides. Ta miss est bête comme une oie, et ta mère a une cervelle d’oiseau.

Voila ce que je ruminais, cousine, devant ce gros chagrin, absolument en disproportion avec son objet, et, depuis ce jour-là, je compris le fossé immense creusé autour de nous par cette éducation toute en surface, qui fabrique des poupées à la douzaine et ne fait pas une femme.

Si Solange, au lieu d’avoir été affublée de son manteau de soie et de ses gants blancs, avait eu une robe de serge, ses patoches toutes nues, une ou deux sœurs autour d’elle, ou quelques amies, je gage qu’elle eût passé une meilleure journée. Je gage aussi que son cœur d’enfant se fût élevé, par la force des choses, au-dessus de lui-même ; qu’il se fût fortifié, élargi par le contact et l’exemple, à l’école même de la vie, et que sa conscience, doucement entrouverte et point faussée par des pratiques oiseuses, eût discerné, sans peine, le bien et le mal.

Elle eût compris que les méchantes paroles peuvent causer de la peine ; elle eût été affectueuse et prévenante pour les amis de la maison, afin d’être agréable à sa mère, et soigneuse de ses vêtements, parce que de plus pauvres que soi les peuvent user.