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l’éducation des enfants.

dacieux, que miss jugea indécent, eut le don de la mettre hors d’elle. Elle ordonna à l’enfant de s’asseoir, désormais, sans bouger :

— Je dirai tout à votre mama.

Cette menace remplit de larmes les beaux yeux de Solange et les rendit de plus en plus rêveurs ; et cela d’autant mieux que miss venait de découvrir, au bas du manteau de satin vert amande, une tache, — oui, madame ! une tache. C’était vraiment, pour une petite fille, trop de crimes en un jour.

J’étais positivement abasourdie et me demandais quelle pouvait être la mentalité d’une mère qui, par pose, par ostentation, attifait de satin sa fille et l’envoyait dans un jardin public, sous la défense expresse de prendre les plaisirs qui sont la joie et la santé des enfants de son âge…

J’en étais là de mon problème, quand descendit de voiture une jeune femme, toute pimpante et poudrerizée, le rose de ses joues avivé par une pointe de carmin.

Miss, raide et digne, se leva respectueusement ; et Solange, un peu émue, s’avança près de sa mère.

— A-t-on été sage ? interrogea-t-elle.

Miss, sévère comme la justice, répondit :

— Nô, on n’avait pas été sage.