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la femme.

L’ordre, dans ma pensée, consiste à prendre sa vie comme elle vient, — non comme on s’est imaginé qu’elle s’arrangerait, non comme on l’a rêvée, mais telle qu’elle se présente, et, ayant bien considéré en face les déceptions qu’elle apporte, sans perdre de temps en comparaisons stériles, en regrets superflus, tâcher d’en tirer le meilleur parti possible.

Il faut, pour ranger, ou plutôt arranger son bonheur, de la volonté, de l’intelligence, de la méthode, souvent beaucoup de courage, une patience à toute épreuve et un grand oubli de soi-même. Quand lentement, jour par jour, heure par heure, minute par minute, de toutes pièces on refait sa vie, cousant ci, raccommodant là, taillant par ailleurs, les badauds s’écrient :

— Celle-là est une chançarde !

Et vous, cousine, tout bas, vous répliquez :

— Peut-être, car elle a le don de sa bonne marraine-fée, elle a l’ordre moral, et c’est cet ordre-là qui fait naître, parfois sur des cendres, le bonheur.

Le troisième vœu (ah ! j’ose à peine vous le confier), c’est le soleil charmant de toutes les vertus françaises, c’est la gaieté. Sans la gaieté, il n’est point de joies, point de clartés, point de lumières. La gaieté fait pardonner le génie, le talent, la fortune, et même la misère ; la gaieté,