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la femme.

Une femme s’avança vivement à notre rencontre ; elle avait le poitrail couvert d’imageries, de photographies, de papiers, de gravures, et tenait, entre les mains, un travail de crochet.

— Ah ! vous voilà, sacripant ! vociféra-t-elle en regardant le docteur. Ne me touchez pas, misérable, vous n’en êtes pas digne.

— Comment ! reprit sans se troubler, le docteur Briant, celui-là même qui faisait verser des larmes d’attendrissement à la malade aux trente-six ventouses, — comment ! je viens vous voir, et voilà la réception que vous me faites. Ce n’est pas gentil.

— Je vous défends de me parler ! glapit la mégère. Vous verrez, quand j’aurai gagné mon procès, vous verrez, après que M. Henri Robert m’aura défendue, vous verrez si vous faites encore le bon apôtre… En prison vous irez, et on vous coupera le cou, et ce sera bien fait.

Un peu soulagée par ce véhément réquisitoire, elle se tourna vers moi :

Ce drôle m’a volé mes enfants avec le satyre. Est-ce une chose qui se fait, voyons, madame ? Est-ce qu’on prend des enfants à une mère pour les jeter à la tête d’un satyre ?

À ce moment, la jeune femme aux yeux ardents se leva et, se penchant à mon oreille, dit à mi-voix :