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la femme.

toresques. Et, quoiqu’un Guy de Maupassant — pour ne citer que cet exemple — ne soit pas toujours convenable dans le sens étroit du mot, rien au monde ne m’empêchera de le préférer à un de ces auteurs douceâtres qui alimentaient, autrefois, les journaux de modes, et d’estimer que ses écrits soient plus fortifiants, plus sains, et mieux remplis d’enseignements, que les aimables élucubrations de ces trop convenables confrères.

Faudrait-il donc que j’exclue de votre répertoire les chefs-d’œuvre de Maupassant, simplement parce que, par endroits, certains tableaux sont un peu vifs ? Et comprenez-vous, maintenant, mon embarras ?

Le livre le plus mauvais, ma cousine, est celui qui détermine en vous une impression de malaise et d’inquiétude. Dès qu’il surexcite vos nerfs, entraîne votre esprit sur des pentes dangereuses ou le salit d’images impures, fermez-le vite, très vite… Fût-il écrit dans une langue divine et gardât-il, dans ses apparences, une forme chaste, il ne vous vaut rien.

Je connais des femmes pour lesquelles la lecture d’un livre de d’Annunzio est un mortel poison, et qui ne supportent pas davantage les œuvres d’imagination amoureuse, même lorsqu’elles se tiennent dans les limites permises.