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les lectures « convenables ».

vous livre, si je puis dire, les secrets de leur esprit avec ceux de leur art. Et c’est la raison, j’imagine, qui attire plus spécialement certaines natures vers certains auteurs, leur prédilection ayant une cause naturelle dans la joie qu’elles ont de retrouver leurs propres sentiments exprimés tels qu’elles les éprouvent et mieux qu’elles ne les peuvent formuler… Et, justement, parce que la lecture est une jouissance délicate et constamment nouvelle, il serait fâcheux d’en user à tort et à travers.

— Il faut toujours qu’un livre apprenne quelque chose, disait le bon M. Legouvé, ou, alors, c’est perdre son temps.

C’est un peu mon avis… Lorsque, d’un bouquin, il ne reste rien que le souvenir falot d’une aventure plus ou moins romanesque, il est bien près d’être inutile, et c’est faire injure aux auteurs que de mesurer le mérite de leurs productions au seul degré de convenance dont ils marquent leurs personnages.

Si vous me permettez de vous parler tout franc, cousine, je vous dirai même que, dans la fadeur voulue de ces livres, si éloignés de la vie vraie, dans l’arrangement apprêté des épilogues, je trouve des inconvénients plus graves, d’un effet plus déprimant que dans la peinture sincère, brutale même, de certains milieux pit-