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la femme.

qu’elles soient averties trop tôt de certaines laideurs morales ou physiques ; mais la définition m’en paraît plus flottante, se rapportant à des femmes pourvues de sens et de goût et qui trouvent, en leur conscience, le meilleur et le plus clairvoyant des juges.

Il me semble qu’un livre « convenable » est celui dont la lecture ne laisse, après soi, aucun mauvais trouble dans l’esprit ni dans le cœur, mais force la réflexion ou soulève l’imagination, soit que l’attention soit retenue dans le domaine des idées, soit que la sensibilité s’émeuve dans le chemin du sentiment.

Le livre « convenable » se rapproche beaucoup, dans ma pensée, du bon livre qu’on ferme à regret, et dont la trace demeure en vous, lumineuse et bienfaisante. C’est pourquoi votre qualificatif me gêne, car une œuvre peut être admirablement saine et d’une très belle moralité, sans que, forcément, tous les détails en soient convenables ; et c’est enfermer son intelligence dans un champ stérile, que de le borner aux quatre coins par l’infranchissable barrière des convenances.

La lecture est un plaisir que j’élève au-dessus de tous les autres. Elle vous rapproche des grands écrivains jusque dans leur intimité, elle vous dévoile leurs façons de sentir, d’aimer, et