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la chance.

leur énergie ; les entraves excitent leur imagination ; les périls divertissent leur courage. Et quand, meurtris, fatigués, heureux, ils ont vaincu, les autres, là-bas, — ceux qui attendent dans l’inaction qu’un bonheur problématique tombe du ciel, — les autres remarquent, avec dépit, que leurs voisins ont… de la chance.

Si les jeunes filles savaient de quelle pâte la « chance » est faite, elles deviendraient optimistes et vaillantes ! Elles observeraient que la « chance » est presque un art qui consiste à tourner la mauvaise fortune, à tirer parti du malheur, à se retrouver quand même sur ses pieds, à rebondir toujours. Les gens auxquels la chance sourit comptent généralement pour rien peines et fatigues ; ils ignorent le découragement. Ils ne s’arrêtent pas à la contemplation douloureuse d’un passé qui ne reviendra plus ; ils songent à améliorer le présent, à préparer l’avenir.

Ils ressemblent à ces généraux habiles qui, esquivant traquenards, embûches et chausse-trapes, reçoivent bravement les horions et saisissent au vol la victoire.

La chance, cousine, c’est une manière de victoire perpétuelle sur la fatalité, sur les événements, sur les hommes, sur les choses.

Et si je plains de tout mon cœur ceux qui