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la femme est-elle un « individu » ?

Écoutez plutôt la lettre fulgurante que le docteur Madeleine Pelletier, présidente de la Solidarité des Femmes, écrit au journal l’Écho de Paris :

« Monsieur le rédacteur en chef,

» En déclarant à Stuttgart que « la femme ne se doit ni à son mari, ni à ses enfants », je n’ai pas voulu, ainsi qu’il est dit dans votre numéro d’hier, « lancer une boutade ». C’est l’expression exacte de ma pensée et ce sera, je l’espère, l’expression de la pensée des générations de demain, qui verront enfin en la femme un individu et non un objet ( !). Pas plus que l’homme, la femme ne doit chercher sa raison d’être en dehors d’elle-même. Elle pourra, si elle le désire, avoir un mari et des enfants ; mais la maternité ne sera plus qu’un épisode ( !) dans son existence, comme la paternité n’est qu’un épisode dans une existence masculine. Aujourd’hui, la plupart des femmes ne sont que les épouses de leurs maris : demain, elles seront, avant tout, elles-mêmes. La partie apparente de leur vie sera celle qu’elles donneront à la science, à la politique, à l’art, au commerce ; la partie conjugale, au contraire, restera dans l’ombre. Ce n’est rien de plus que ce qui a lieu pour l’homme, je le répète, et, ce qui m’étonne,