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la femme.

âme soit chétive et porte un cadavre », si cette âme, toute faible, suffit à borner mon horizon de ces chères illusions qu’on appelle bonheur ; si sa présence laisse oublier qu’un jour le corps périra.

Plus j’y songe, cousine, plus je hais la stérilité pessimiste ; mais, heureusement, le livre de mon ami, malgré son titre, est le plus noble et le plus fortifiant des livres… Jean Lahor a recueilli à travers les religions, depuis que le monde est monde, les pensées hautes, magnifiques, fécondes, qui furent leurs forces… Il cite Mahabharata et l’Imitation de Jésus-Christ ; Épictète et Bossuet ; Marc-Aurèle et Pascal ; Hermès trismégiste et saint Augustin ; Pasteur et saint Vincent de Paul ; Goethe, Shakespeare, Milton, Beethoven, Ruskin, Schopenhauer, les Pères de l’Église ; tous ceux, enfin, qui forcèrent la pauvre molécule que nous sommes à lever les yeux au-dessus des fanges humaines, vers un idéal de bonté et de beauté.

Et, quand on a quitté ce bréviaire pour le reprendre et le méditer et le relire encore, on reste émerveillé qu’à travers les temps et le monde, tant de génies différents se soient retrouvés pour exprimer des vertus identiques ; pour verser les mêmes mots de consolation et d’espoir ; pour jeter dans nos âmes la bonne