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le doux optimisme.

Nos existences ressemblent à ces gouttes d’eau : elles ne sont rien, par elles-mêmes, que des atomes, mais elles ont le droit d’être fières, car, sans elles, l’océan ne serait pas… Dans le génie d’un homme, se retrouve une parcelle de toutes les pensées, qui, goutte d’eau, ruisselet ou fleuve, coulèrent pendant des générations ; dans le cœur d’une Jeanne d’Arc, se cristallisent les dévouements, les héroïsmes obscurs de milliers et de milliers d’âmes féminines. Si humble que soit notre destinée, elle est donc admirablement utile et mérite qu’on l’aime, et, en approchant du but suprême, on peut, avec sérénité, dire à l’océan :

— J’ai fait ce que j’ai pu, de mon mieux, et, si je n’ai pu davantage, c’est que je fus simple goutte d’eau.

Ceci, à coup sûr, n’est pas héroïque, mais encore moins pessimiste.

Et puis, cousine, vu d’un beau lac, dans l’harmonie ravissante de la nature, le Pessimisme semble chose presque risible, car la vie, toute inégale qu’elle soit, laisse toujours éclater un peu de soleil, la clarté d’une amitié, l’aurore d’une espérance, et, pour notre dignité elle fait croître sur notre route les robustes, les saines fleurs de l’optimisme.

Et peu m’importe que, selon le sage, « mon