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le doux optimisme.

Et, sans le vouloir, on songe qu’un jour — le plus tard possible — la mort viendra et qu’elle aura les douceurs d’une belle nuit étoilée. Car rien de ce qui fut votre âme ne saurait périr, puisque les enfants, qui furent en ce monde votre raison d’aimer et de vivre, la recueilleront toute, comme vous-même avez gardé celle de votre père.

Et cette pensée-là est grave, mais point triste, cousine, car « la mort n’a pas de terreurs quand la vie fut loyale », et toutes les destinées, malgré leurs orages, ont des matins clairs, des soirs apaisés et valent la peine d’être vécues, dès qu’on compte parmi ses devoirs celui d’y trouver le bonheur.

Or, l’autre matin, m’étant commodément installée, comme de coutume, à l’avant du bateau presque désert à cette heure de prédilection, je tirai de ma poche le dernier livre d’un poète que j’aime depuis longtemps pour ses idées généreuses, la musique de ses vers et l’ardeur avec laquelle il honore sous toutes ses formes la Beauté. Jamais cœur d’artiste ne souffrit autant que mon ami des laideurs humaines ; jamais tares et bassesses ne furent combattues avec une passion plus vive. Et qu’il parle ou qu’il écrive ; que ce soit en vers ou en prose, il ne le fait jamais sans enthousiasme, et par là son œuvre est bienfaisante. Car,