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le doux optimisme.

fleurs rustiques qui naissent au bord des ruisseaux.

Et je sais, maintenant, les heures où le Léman se révèle dans toute sa splendeur et livre à ceux qui l’aiment ses beautés innombrables.

C’est le matin, presque à l’aube, alors que la nature tout entière frissonne encore des fraîcheurs nocturnes et que le soleil jette dans ses flots endormis ses caresses jeunes et folles… Au levant, l’horizon n’offre que lumière, allégresse, rayons d’or, et l’air est doux à respirer… À l’occident, les montagnes, « ces grandes cathédrales de la terre », dissipent lentement les voiles d’argent qui les enveloppent et découvrent aux oiseaux leurs autels de neige. Les hirondelles volent haut et s’égosillent en un carillon de fête ; les mouettes battent l’eau de leurs ailes blanches, et les cloches des églises lointaines sonnent l’angélus.

C’est l’heure exquise où l’on se sent heureux de vivre, probablement parce que tout s’éveille à la vie : les espoirs luisent couleur d’or, comme le soleil ; les devoirs apparaissent légers, comme l’air qui dilate les cœurs.

Le matin, cousine, « un hymne sort du monde », a dit le poète, et, tandis que le bateau silencieux fend les eaux scintillantes de mon beau lac, des murmures de sources, de brise,